rando du 5 avril 2022 CAYLUS-LIVRON
Randonnée « facile » ? J’ai dû m’emmêler les pinceaux quand j’ai recopié le planning ! Pardon à ceux et celles qui m’ont « bénie » lors des montées.
Première montée parfois plutôt « costaud », par le chemin du Marquisat mais pour compenser, vue sur Caylus et son château, sentier garni d’iris bleus foncés et de lilas mauves en pleine floraison. Restes des anciens jardins qui le jalonnaient. Ils ont survécu et se propagent malgré l’absence de soins attentionnés et d’eau. Nous arrivons au Paradis.
Enfin, le plat ! Ici, c’est le Chemin des Anges. Et ses chemins bien entretenus, bordés de murs de pierre sèche. La matière étant sur place et en quantité astronomique (pas besoin d’aller chez le marchand de matériaux du coin !). Mais que de patience, de travail, il a fallu aux anciens pour délimiter « ces rocades » qui allaient d’un lieu à l’autre et permettaient aux habitants du cru, aux marchands, aux pèlerins…..de ne pas s’égarer (leur carte IGN n’étant pas forcément à jour et, de plus, elles étaient rares et hors de prix ! »).
Des croix de pierre (encore), toutes différentes (l’une d’elles porte des inscriptions indéchiffrables malgré la bonne volonté de certains et certaines). Ce chemin était le lien entre Livron et Saint- Symphorien, donc bien fréquenté par les pèlerins et autres.
Une descente pentue, rocailleuse mais faisable nous dirige vers la vallée.
Le chevalier terrassant le dragon (vitrail dans la chapelle).
La Chapelle de Livron et son clocher mur.
La Chapelle de Livron nous attendait (voir légende) ainsi que la grotte où est captée une partie de l’eau qui alimente Caylus.
Le trajet se poursuit le long du Livron (affluent de la Bonnette). Calme parfait en dehors du murmure de l’eau transparente, paisible qui va son chemin à notre gauche. A Saint- Pierre- Livron, nous passons entre ce ruisseau et le camp militaire de Caylus. Toujours au calme sous des frondaisons. De mini-pontets enjambent ce ruisseau, le Livron. Une route bordée de falaises nous amène dans la vallée de la Bonnette. Virage en épingle à droite en contournant la Croix du Miracle. Souvenir d’une épidémie de peste dans les alentours.
Enfin, elle est- là ! Celle qu’on est venu voir. Toujours en forme, pleine de vigueur ! La cascade de Livron qui se précipite du haut de la falaise. Admiration générale. Photos.
Et à nouveau une montée le long des sept anciens moulins qui longeaient le Livron (désaffectés après la première guerre). Actuellement inaccessibles. Danger ! Fonctionnant tous ensemble, une trompe annonçait le lâcher d’eau et tout ce monde se mettait à fonctionner.
Courte vue sur le bassin de retenue du premier moulin. Traversée du village Saint PierreLivron et descente dans la vallée de la Bonnette. Vue superbe sur l’église perchée en haut de la falaise. Route et ses moulins vers Caylus. Petit tour dans la ville.
LA CHRONIQUE DE SYLVETTE
Dragon, où es tu ?
Sur la place en contact direct avec le soleil plein de vigueur en ce mois de juin, plusieurs véhicules de modèles variés déversent leurs passagers bruyants. Aussitôt, ceux-ci se harnachent en enfilant polaires et baskets dernier cri. Un sac à dos et des bâtons complètent leur tenue. Quelques lunettes noires fleurissent sur les visages. Nous sommes sur la place d’un village qui fut lotois avant d’appartenir au Tarn et Garonne. Certains randonneurs admirent les arcades et d’autres se dirigent vers la halle et ses mesures à grains. Evidemment vous avez reconnu « Caylus en Quercy » !
Au signal, le groupe s’ébranle, direction le chemin du Marquisat.
La ruelle pentue, asphaltée, devient chemin rocailleux à souhait. Il monte, il monte ! Normal, puisqu’il se dirige vers le Paradis. Tout le monde sait depuis des lustres que le Paradis est toujours dans le firmament, à une altitude non quantifiée, dans le ciel, affirment certains pour être plus précis. D’accord ! Mais le ciel, c’est plutôt vaste et entre les planètes, les comètes, les satellites naturels ou non, les fusées qui circulent, et tout le reste, il y a peu de place libre. Ici, c’est un lieu-dit. Donc, Paradis terrestre, mais très agréable avec ses murets de pierres sèches, sa végétation mélangeant celle du Causse, ses chênes, ses buis, avec celle de la Méditerranée lointaine. Le soleil chauffe et les parfums des plantes se mélangent. Des pigeonniers ponctuent le trajet.
La file avance, peinant, ahanant, dans la montée. Evidemment, quelques pieds légers sont quasiment arrivés avant d’être partis. Les autres, plutôt contemplatifs, se récrient à la vue, en contrebas, de l’amoncellement des toits de tuiles du village. Le long du sentier, ils admirent et photographient les plants d’iris en pleine floraison (reste des jardins en terrasses abandonnés). Enfin, les randonneurs arrivent sur le plateau. Ouf ! Le pas s’allonge, devient plus guilleret, et, les conversations reprennent. Alors, devant ces envahisseurs bruyants, toute la gent animale se carapate sous les pierres, réintègre son terrier. Les vipères et autres serpents cessent leur sieste au soleil et se glissent dans les anfractuosités. Les lézards gris ou verts prennent le large au signal : « Tous aux abris » lancé par leur vigie postée sur une pierre dressée. Les oiseaux deviennent muets et invisibles. Les coccinelles se planquent sous une feuille. Enfin, le Causse semble mort. Quasiment un désert !
Bientôt, les randonneurs croisent une croix de pierre superbe dans le soleil. Plus loin, une autre, différente. Celle-ci à cabochons, au socle circulaire, porte des inscriptions en sténo de l’époque, incompréhensible pour nous habitués aux claviers des ordis. Alors, un curieux pose une question sur l’origine de ce patrimoine.
« Il y a très longtemps, plusieurs siècles, c’était encore le Moyen- Age, le Moyen-Age profond, plein de mystères. Tous les champs, derrière les murets, étaient cultivés. Les plus rocailleux, à l’herbe rare, parfois situés loin des habitations, étaient réservés aux moutons. Des maisons, des jardins, jalonnaient ce chemin. C’est le Chemin des Anges».
Le guide continue ses explications.
« Dans cette région du Causse ensoleillé mais aux vallées boisées, profondes où le soleil s’attarde peu, des enfants disparaissaient ainsi que des adultes. Aucune raison avancée pour ces volatilisations. Quand les écharpes de brume épaisse s’enroulent autour des arbres, le brouillard dissimule les maisons, efface même le clocher pointu au loin. Alors, tous les petits bergers tremblent à l’idée de ramener leur troupeau à l’étable. Oh, ce troupeau n’est pas bien important : quelques moutons, rarement une chèvre et encore plus rare, une vache. Ces quelques bêtes sont, malgré tout, le signe que leur propriétaire a un peu de bien. Quelques prés, un champ sans doute minuscule, une vigne peut être, un pigeonnier puisqu’il n’y a pas, dans cette région, de droit seigneurial sur les colombiers. Ce ne sont sans doute que quelques trous d’envol en haut d’un mur de la maison qui signalent leur HLM aux oiseaux. En plus de leur viande, ils offrent gratuitement ce qui est le plus précieux pour les paysans : la colombine. Colombine pour fumer les champs qui, en retour, produisent davantage. Les grands pigeonniers, ronds, carrés ou pieds de mulet sont le signe que leur proprio a une ferme conséquente.
Donc, nos petits bergers, partaient tôt le matin, avec ordre de ne rentrer qu’à la nuit. Certains travaillaient pour un maître, un patron, dès leurs sept ou huit ans. Eh oui, nous sommes en plein Moyen Age et le travail des enfants n’est pas codifié, protégé, interdit par les lois. Imaginez un jeunot revenant à la ferme. La nuit est tombée, le brouillard s’est levé. Tout disparaît, plus de repères, les arbres prennent des formes menaçantes. Il distingue à peine le dos des moutons. Le trajet lui semble bien long.
Certains ne rentreront jamais à la ferme. Plus de nouvelles. Une rumeur court : un dragon les enlève et les dévore. Personne ne l’a vu, sauf quelques- uns au retour des foires, après un arrêt au cabaret, entre les brumes de l’alcool et celles du brouillard.
Les mères menacent leurs enfants désobéissants : « Si tu n’es pas sage, le dragon viendra te chercher ». Les jeunes ont même inventé un jeu qu’ils pratiquent sur la place, loin du danger. Ils chantent :
Promenons-nous dans les bois
Pendant que le dragon n’y est pas
Si le dragon y était, il nous mangerait
Dragon y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ?
Vous connaissez la suite : l’enfant ayant le rôle du « dragon », répond :
Je mets ma culotte …..etc
A la fin, le « dragon » bondit sur ses copains qui s’égaillent dans toutes les directions, et essaie d’en capturer un. Et le jeu reprend.
Ainsi, de rumeurs en rumeurs, le dragon prend vie, grossit et dévaste la région. Où loge-t-il ?
Pour qu’il reste invisible, mystérieux, un bavard mieux renseigné que les autres (cette variété de bavards, sûrs de leurs allégations souvent inventées, entretiennent régulièrement leur réputation de « moi je sais tout ! »), le situe donc au fond d’une vallée voisine, profonde, vallée sombre, étroite, bordée de rochers où se trouve une grotte. C’est là au fond de cette caverne que, évidemment, l’animal affreux a élu domicile, loin de la civilisation, enfin, celle de l’époque. Evidemment, il ne peut révéler ses sources, donner le nom de ses informateurs. Et je te brode, et j’en rajoute sur le sujet. Ainsi, la rumeur se propage, enfle, se répand dans toute la région. Bientôt, tous les habitants répètent la même version qui ainsi devient vérité.
Donc, le dragon vit dans une grotte d’où sourd un minuscule ruisseau. Personne n’ose s’aventurer, pour vérification, dans cette grotte de mauvaise réputation.
Or, au château habitait le chevalier de La Gardelle. Sa famille noble vivait au village depuis longtemps et était estimée pour sa piété et ses bonnes actions. Ce chevalier était templier, et comme bien d’autres, avait enfilé son armure et son grand manteau blanc pour participer à une croisade, la énième croisade prêchée par quelque pape inspiré. Sur le catalogue adéquat de l’époque, « Los Très Occitans », il avait commandé un écu et un heaume, ornés de la croix rouge pattée, insigne de son ordre. Il avait rejoint Jérusalem avant de rentrer au pays. Le très long chemin peuplé d’embûches l’avait aguerri et avait renforcé son courage. A son retour sur son Causse natal, la tête pleine de scènes tragiques, de paysages inconnus, l’histoire du dragon et de ses razzias lui fut relatée avec force détails par les consuls en place.
La fête au château donnée en son honneur terminée, fête avec tournoi, danses et troubadours, les lanternes éteintes, les invités repartis vers leurs pénates, le chevalier repense au drame que vivent les habitants. Il décide d’éradiquer le problème. Il en a vu d’autres ! Après avoir combattu les infidèles, ce n’est pas un dragon autochtone, même de mauvaise renommée, qui va l’effrayer. Quelques questions à droite, à gauche, des recoupements, des observations dans la vallée, des prélèvements sur le terrain, des analyses pointues, enfin, une véritable enquête policière menée en douce par La Gardelle qui ne communique ni ses résultats, ni ses constations, ni ses réflexions, à quiconque. Il remarque que les enlèvements ont toujours lieu les soirs sans lune, avec brouillard, quand on ne peut rien distinguer à quelques mètres, quand chacun se terre dans sa masure ou sa maison à colombages.
Comme il en a l’habitude, le chevalier de La Gardelle prépare ses armes, confie son épée au forgeron qui en revoit le fil, vérifie son bouclier et sa masse d’arme dont le forgeron renforce un maillon faiblard. Sa cotte de maille a déjà été remise en état dès son retour de Palestine. Son équipement rénové, il se sent prêt à affronter la « bête » ainsi qu’il l’a promis. Pour faire bonne mesure, il passe quelques heures en prières avant d’enfourcher son cheval. Ça fait bien vis-à-vis des habitants et on ne sait jamais, ça peut- être utile ! Il a fière allure à son départ du château, son fanion au bout de la lance. Tout le village, manants et bourgeois, implorent la protection de Notre Dame pour leur sauveur en puissance et lui promettent une chapelle si leurs vœux sont exaucés.
Ces prières apparemment sincères ont attiré l’attention de Notre Dame qui songe à leur donner un coup de pouce.
Donc, celle-ci, émue par leur désarroi, décide d’aider un tantinet le chevalier dans son désir de débarrasser la région du dragon. Personne ne saura comment, motus et bouche cousue de la part du chevalier. Il a promis de ne rien dévoiler et tiendra sa promesse.
La Gardelle se dirige seul vers la combe où vit le dragon. Que s’y passe-t-il ? Aucun gazetier n’est autorisé à couvrir l’évènement. La région est bouclée à une lieue à la ronde, les curieux et les médias cantonnés au village. Aucun survol du site n’est autorisé, quel que soit l’engin. Les heures suivantes seront difficiles pour les habitants qui angoissent en imaginant ce qui se déroule à une lieue de leur village. Chacun y va de son commentaire, ce qui augmente leur stress.
Enfin, le chevalier réapparaît, en pleine forme, rayonnant. Il annonce la mort du dragon et la fin de tous les tourments. La joie retombée, le courage revenu, tous se précipitent vers la grotte où ils découvrent un magma sanguinolent. Où sont les ailes, les griffes ? Difficile de reconnaître quel est cet animal maléfique en très piteux état qui gît devant la caverne. L’essentiel est que la « bête » soit morte. Tous écoutent religieusement le récit palpitant que fait le chevalier de son combat sans merci et de sa victoire. Dans les jours et les mois suivants, tous raconteront ce combat impitoyable, en rajoutant des détails de leur cru, à la mesure de leur angoisse et de leur soulagement.
Depuis, la « bête » a dû comprendre le message et ne s’est plus manifestée.
Des offices de gratitude ont lieu très souvent jusqu’au moment où les consuls et les autorités religieuses pensent qu’il serait temps d’ériger la chapelle promise, dédiée à leur protectrice. Chose promise, chose due …….Cela attirerait des pèlerins qui, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, pourraient faire une halte, prier en ce lieu, se reposer et accessoirement relancer le commerce actuellement en perte de vitesse.
Les édiles se réunissent, réfléchissent, cogitent, délibèrent, afin de trouver l’emplacement idéal pour la réalisation de leur œuvre. Après bien d’études de terrains, de forages, de relevés des vents dominants et des couloirs de passage des migrateurs, après avoir examiné le pour et le contre de chaque proposition ( tous ayant justement un bout de terrain inutilisé qu’ils vendraient bien volontiers pour cette bonne action), les responsables, désignés et qualifiés, convoquent des spécialistes qui scrutent les lieux, complètent les études de faisabilité et se mettent enfin d’accord sur un lopin sis sur le plateau, dans le Causse, à l’abri des inondations imprévisibles et terribles de la Bonnette, le ruisseau paisible qui serpente au fond de sa vallée. Il suffira de dévier le chemin de Compostelle pour qu’il passe par la chapelle. Un panneau à orienter différemment, et le tour est joué. Les édiles entérinent cette proposition.
Il faudra un architecte pour les plans et l’organisation de la construction. Une chapelle ! C’est quand même plus complexe à élever qu’une gariotte. Celle-ci sera en pierre. Ce matériau abondant et gratuit est à portée de main. On fait un appel d’offres pour trouver le dit architecte qui devra présenter de sérieuses références. Des maçons, des tailleurs de pierres, des charpentiers sont engagés. Ils sont nombreux à se présenter, quelques mois de travail ne sont pas à dédaigner en ces temps où la vie est dure et le chômage récurrent, sans indemnités, est fréquent. Une carrière de pierre est ouverte. On lance un appel aux dons privés et aux banques ou plutôt aux usuriers (non déclarés comme tels), aux investisseurs régionaux et autres, pour couvrir les frais. Le Comte de Toulouse est, lui aussi, mis, « volontairement », à contribution.
Dans l’allégresse générale, le tracé est réalisé sur le sol rocailleux, la première pierre est posée par le chevalier lui-même, entouré des édiles, des consuls, des prélats et de plusieurs évêques en tenue d’apparat. Les files de bœufs amènent des cargaisons de pierres taillées par les spécialistes.
Le travail avance un peu quand Notre Dame se souvient de cet épisode et jette un œil sur ce coin du Causse.
«Ça va pas, ça va pas du tout ! Ma chapelle s’élèvera sur le Causse ! C’est pas possible ! Pourquoi pas aux Espiémonts ? Une région sans eau ! Et la source miraculeuse obligatoire, comment vont- ils faire ? Ah ! Ces hommes, pas un brin de jugeote. »
Elle préférerait le lieu symbolique où le « dragon » a été éliminé. Elle réfléchit au moyen de communiquer ses souhaits aux hommes. Leur expliquer ? Difficile quand on ne parle pas le même langage : Notre Dame employant la langue céleste et les Caylusiens, l’occitan. Je dirais même l’occitan lotois que seuls les indigènes pratiquent. Chaque région ayant le sien, le Gers, le Tarn……N D et son secrétariat s’y perdent un peu.
Ce sont très souvent, des gens humbles menant une vie dure dans cette portion du Quercy, pas meilleurs ni pires que tous les braves gens qui font appel à Elle, lors de moments difficiles. Après réflexion, elle convoque ses troupes toujours prêtes à lui obéir. Ce sont des troupes volontaires, non rémunérées.
C’est un vrai chef d’entreprise qui dirige ses bataillons d’anges d’une main ferme mais juste. Les uns sont affectés à des travaux de protection rapprochée permanente. Chacun ayant son protégé attitré sur lequel il veille avec beaucoup de sollicitude mais Il reste invisible. Seules ses actions sont appréciées par son favori qui l’appelle trop souvent au secours. C’est un travail à plein temps qui ne laisse aucun relâchement d’attention au préposé.
Les autres, non spécialisés, travaillent de manière aléatoire grâce à leur CCDD, (Contrat Céleste à Durée Déterminée). Tous les jours, au coin d’un cirrus, ils prennent les ordres de leur patronne qui les laisse rarement sans occupation : il y a tellement à faire en peu de temps. C’est un travail varié mais quasiment continu, sans vacances ni repos. Encore moins de RTT ! (Repos Très Tendance) : Repos impensable dans leur milieu.
Rapidement, elle convoque les anges actuellement sans emploi qui pointent à l’ANPE (l’Agence des Nuées Pour l’Emploi) et leur explique leur nouvelle mission, mission temporaire, à renouveler jusqu’à ce que les constructeurs aient compris son message.
Alors c’est un défi, un challenge, qui s’engage entre l’architecte et les envoyés ailés. Ceux-ci sont chargés de déménager les pierres prêtes pour la construction, de les enlever du Causse, de les transporter au fond de la vallée, devant la grotte. C’est un travail de titan par un chemin en pente, pierreux, à réaliser de nuit, que la lune soit présente ou aux abonnés absents. C’est pire pour les bâtisseurs qui ne comprenant rien à ce mystère, font le même travail, le lendemain, à l’envers, ……dans la montée, toujours aussi rude et glissante. Après de nombreux allers et retours, les hommes s’avouent vaincus et changent leurs plans.
Maintenant, en face de la grotte, la chapelle s’élève vite. Le toit est posé. La cloche suspendue. Quelle joie quand elle retentit pour la première fois ! Des messes et des pèlerinages ont lieu régulièrement. Les pèlerins affluent avant de se diriger vers le prieuré de Saint Symphorien en passant par le « Chemin des Anges », le bien nommé, qui se termine évidemment par le lieu-dit du « Paradis. »
La marche a repris sur le dit Chemin des Anges. La descente raide s’effectue vers la chapelle.
A l’arrivée, le guide reprend ses explications.
« C’est ici que les habitants ont été délivré d’où son nom : Livron.
La région étant devenue paisible, au cours des siècles, elle attira de nombreux touristes.
Rapidement, les Comtes de Toulouse viendront boire l’eau miraculeuse qui sort du mur extérieur derrière l’autel. Souhaitaient-ils rentabiliser leur mise de fonds par la guérison de leurs maux? C’est ce que certains prétendront.
La reine Margot y venait de temps à autre, accompagnée par son favori en place, alors qu’elle logeait au château de Saint-Projet, à quelques lieues de Livron. Sur son destrier, elle arpentait la région, visitant les sites du Quercy incontournables mentionnés dans son guide, le « Petit Quercynol Malin ». Une armada de dames et de chevaliers la suivait de loin. Pour Margot, c’étaient de vraies vacances loin des arcanes de la cour et de son époux, Henri IV, roi de France. Surtout, loin d’Henri, car il y avait de l’eau dans le gaz entre eux.
Plus tard, Livron reçut le roi Louis XIII. Celui-ci venait de passer quelques jours infructueux, dans les environs de Montauban, au château de Piquecos. De là, il soutenait, moralement, par sa présence, ses armées qui assiégeaient la ville rebelle, la ville huguenote, la ville riche. Malgré les nombreux coups de canon, certains avanceront le nombre de 400, les montalbanais ne se rendirent pas. De Piquecos, le roi compta les coups, puis fatigué, se perdit dans le nombre. Donc, on arrondit largement le dit décompte pour lui faire plaisir. Les canonniers ont dû arrêter leurs tirs par manque de boulets. Boulets que l’on retrouve maintenant bien conservés chez les confiseurs de la ville. Certaines mauvaises langues assurent que c’est la dysenterie qui a décimé les troupes royales.
Pour ne pas être la risée de ses copains, les autres rois européens, dépité, furieux, le roi changea de gîte et squatta à Caylus la catholique. Après leur cuisante défaite, les armées royales essayaient maintenant de mettre au pli, sa voisine et ennemie, Saint- Antonin, la protestante. Du menu fretin ! pensait Louis, surtout si mon auguste présence aide à la victoire. En chef des armées consciencieux, il organisa une virée sur le Causse au-dessus de la ville assiégée pour voir où en était l’avancement de ses troupes, pour les encourager…. de loin. Mais, le siège traînait en longueur. Pour tuer le temps, il aurait pu s’initier à la construction des murets et gariottes en pierre sèche. Le travail manuel, même en stage intensif, ce n’était pas trop son truc et ne lui aurait servi à rien lors du retour à son logis royal. Et puis tous ces allers retours (Caylus, Saint Antonin, son poste d’observation caussenard), l’avoine dépensée pour les chevaux, les taxes sur les céréales qui augmentent sans cesse, c’était excessif pour un résultat aléatoire ! Donc, il changea son emploi du temps. Il jugea qu’il avait largement le temps, (il avait épuisé le charme de la pêche aux vairons dans la Bonnette, du ramassage des escargots sur le Causse, le comptage des moutons n’avait plus de secret pour lui), n’ayant en fait rien à faire, il orienta ses sorties vers Livron. Il profita de la chapelle pour lancer un SOS à ND afin de pouvoir rentrer rapido à Paris où l’attendait son épouse et ses enfants. ND était-elle à l’écoute ou aux abonnés absents?
Durant des décennies, des siècles, ici, à Livron, tous les ans, avait lieu un pèlerinage. Tout le monde ne peut aller à Saint-Jacques de Compostelle, donc, c’était bien pratique d’avoir ce lieu consacré à portée de fusil. En plus des dévotions, chacun pouvait faire des emplettes, médailles, chapelets, …….friandises, assiettes décorées de ND en majesté, ou autres souvenirs fabriqués en Chine….. aux stands le long de la route. Une journée de vacances : le trajet s’était parfois fait en charrette ou en carriole. Un pique - nique dans les prés voisins agrémentait aussi la sortie. Les retrouvailles entre familles ou amis permettaient d’avoir des nouvelles de vive voix.»
Le guide se tait, laissant libre la visite du site de Livron. Les uns entrent dans la chapelle silencieuse, d’autres se dirigent vers la grotte ou vers la « source miraculeuse » au pied de son mur.
Maintenant, tous murmurent, plus d’éclats de voix, pour ne pas réveiller le dragon qui dort, peut-être, encore dans son antre.
Syll
Novembre 2014
Notre Dame de Livron
vitrail- Le chevalier La Gardelle et le dragon
Des croix sur le Chemin du Paradis










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